Un nouveau rapport contre les éoliennes en milieu forestier

La fin de l’année étant une période plus calme, nous prenons le temps de lire quelques rapports.

Le rapport du CESER NA (conseil économique, social et environnemental régional de la Nouvelle-Aquitaine) sur les conditions de développement des énergies renouvelables a été publié récemment. Il est plutôt bien documenté et globalement intéressant. Il émet plusieurs recommandations pour que les énergies renouvelables s’implantent correctement en Nouvelle-Aquitaine en respectant aussi bien les habitants que l’environnement.

Le point qui nous intéresse tout particulièrement est la page 76 qui concerne le déploiement des usines à éoliennes. Le rapport est très clair, il préconise d’éviter les implantations dans les forêts, les espaces vitaux ou les voies de déplacements d’espèces sensibles à l’éolien.

C’est ce que VIAPL demande à chacune de ses contributions : Pas d’éolienne dans les milieux forestiers.

C’est également ce que préconise de nombreuses institutions comme l’accord européen pour la protection des chiroptères (Eurobats) ou encore le Conseil national de protection de la Nature. Peut-être qu’un jour, cela finira par rentrer dans les têtes des promoteurs et des institutions de manière à ne pas avoir à se battre contre ces projets toxiques inutiles ; ils devraient être être interdit dès le départ lorsqu’ils impactent un milieu forestier.

Vous pouvez consulter et télécharger le rapport ci-dessous :

Consultation ZAER à Milhac-de-Nontron

Après notre article générique sur les ZAER, voici un zoom sur le cas de Milhac-de-Nontron et la consultation actuellement en cours pour définir les Zones d’Accélération des Energies Renouvelables.

N’oubliez pas, vous avez jusqu’au 15 décembre pour donner votre avis en vous rendant directement en Mairie. Nous imaginons que vous pouvez également faire parvenir vos remarques par mail bien que cela ne soit pas, malheureusement officiellement prévue. L’adresse de la mairie de Milhac est la suivante :

mairiemilhacdenontron@orange.fr

Pourquoi Milhac-de-Nontron ? Parce que c’est une commune sur laquelle nous avons facilement des données mais également parce que c’est une commune qui est encore sous la menace directe d’un gros projet éolien. Le projet a été refusé par l’état mais le promoteur a fait appel et nous sommes toujours dans l’attente d’un jugement au tribunal administratif de Bordeaux. VIAPL a déposé un mémoire en intervention sur ce dossier.

La commune de Milhac-de-Nontron va répondre avant la fin de l’année au Préfet pour définir les zones d’Accélération des Energies Renouvelables souhaitée sur sa commune.

Pour éclairer leur vision, les élus proposent une consultation de la population entre le 29 novembre et le 15 décembre. Pour informer la population de l’existence de cette consultation, une affiche a été apposée sur la porte de la mairie. C’est le seul moyen mis en œuvre. Aucun autre affichage n’est proposé dans la commune, aucun mail n’a été adressé aux citoyens, aucune publication sur l’application Intramuros n’a été publiée et aucune réunion publique n’a été proposée. Résultat, personne n’est au courant et c’est par le plus grand des hasards que VIAPL a été informée.

Dans ce contexte, nous n’allons pas polémiquer outre-mesure sur la qualité de la concertation mise en œuvre même si nous appelons à dénoncer ces méthodes (Nous ferons sans doute un article dédié…) et nous allons nous concentrer sur le sujet des ZAER.

Pour se prononcer sur le zonage, nous avons à notre disposition uniquement la carte que vous retrouvez au bas de cet article. Il recense 8 projets essentiellement photovoltaïques.

  • 7 sont des projets sur toiture
  • 1 est un projet photovoltaïque au sol
  • 2 sont déjà en production
  • 6 sont privés

Dans ce contexte, cette consultation nous invite à faire les remarques ci-dessous. VIAPL va déposer une contribution sur cette base et nous invitons la population à faire de même.

  • Globalement, nous accueillons favorablement le projet énergétique proposée par la commune avec toutefois les réserves énoncées ci-dessous :
  • Prévoir des zones d’exclusion pour l’éolien. (C’est le point le plus important)
    Il faut se féliciter du fait qu’aucun projet éolien n’est envisagé sur la commune. Pourtant, il faut remarquer qu’aucune zone d’exclusion n’est signalée alors que les portails cartographiques de l’état persistent à indiquer certaines de nos forêts comme favorables à des projets éoliens. Afin de confirmer la volonté politique du conseil municipal vis-à-vis des éoliennes et de protéger la population, il est indispensable de réclamer au préfet une zone d’exclusion éolienne pour le secteur qui couvre les hameaux de Mazeroux, Lajaunie, La grange, Mortegoutte et les Moulières (Voir la carte à la fin de l’article). Il faut insister sur le risque incendie, les impacts sur la biodiversité, la faiblesse des vents et la présence de nombreuses habitations disséminées. Cette demande est également en phase avec le diagnostique établi lors de l’élaboration du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) de la communauté de communes.
  • Apporter des précisions à la carte des ZAER.
    La carte présentée mériterait des précisions en termes de surface et de puissance pour permettre des commentaires plus pertinents.
  • Respecter l’architecture locale et l’intégrité paysagère
    Par rapport au projet 2 qui évoque l’implantation d’une nouvelle halle avec installation de panneaux solaires, c’est l’occasion de rappeler qu’on souhaite des projets qui respectent l’équilibre architectural de la commune et leur intégration paysagère. Ce projet de halles nécessitera sans doute une réunion publique préalable.
  • Préserver les espaces naturels
    Par rapport au projet photovoltaïque 5, il présente un risque incendie certain et s’inscrit dans une zone naturelle qui mérite d’être protégée. Bizarrement, le projet au sol semble être le projet déjà proposé en 2021 qui a été refusé à l’époque par la population et le préfet lui-même. Il refait surface et c’est sans doute le seul projet qui peut être remis en cause dans la mesure où il est situé directement dans un espace naturel. VIAPL avait produit en son temps une contribution sur ce sujet.Pour les centrales photovoltaïques, il faut se limiter aux toitures des bâtiments et aux friches industrielles ou autres sites délaissés (Carrière,…) ou déjà abîmés par l’homme (Parking). Les sites naturels sont à proscrire.
  • Renforcer la concertation
    La procédure de concertation mise en œuvre est très insuffisante. Dans le cas présent, une réunion publique aurait été bienvenue. La possibilité de contribuer par mail doit être clairement proposée et la population doit être mieux informée lors des consultations. Ces dernières doivent être un préalable absolu avant tout projet.
    A l’issue de toute consultation, un compte-rendu des résultats de la concertation doit être rendu publique.

Cette étude de cas peut s’appliquer à d’autres communes, regardez la situation dans votre commune et si les concertations sont encore ouvertes, contribuez…

Carte des ZAER Milhac-de-Nontron
La carte des ZAER proposée à la consultation
Les zones déclarées favorables à l’éolien sur les portails étatiques à Milhac-de-Nontron
0 (sans couleur) pour les zones dites rédhibitoires où l’éolien n’est pas envisageable,-
1(rose) pour les zones non potentiellement favorables du fait de forts enjeux avérés,
2 (violet) pour les zones potentiellement favorables sous réserve de la prise en compte d’enjeux,
La délibération du conseil municipal de Milhac-de-Nontron

Consultation sur les ZAER dans chaque commune

Dans le cadre de la loi sur les Zones d’Accélération des Energies Renouvelables (ZAER) n° 2023-175 du 10 mars 2023, les préfets sollicitent actuellement les communes pour déterminer les zones favorables à l’implantation d’énergies renouvelables sur chaque territoire communal.

Pour aider les communes à déterminer les zones favorables, l’état a mis à disposition des communes des outils cartographiques que VIAPL a recensé dans son article du 15 novembre 2023. La cartographie proposée par les services de la préfecture ne peut être contraignante. Les communes peuvent donc refuser, accepter ou modifier les zones proposées. La loi n’impose aucune obligation légale de définir ces ZAER mais il est conseillé à chaque commune de répondre car une « non-réponse » peut valoir acceptation tacite des zones proposées.

Ainsi, après concertation avec leurs administrés, chaque commune peut définir des zones d’accélération où elles souhaitent prioritairement voir des projets d’énergie renouvelable s’implanter. Ces zones d’accélération peuvent concerner toutes les énergies renouvelables : le photovoltaïque, le solaire thermique, l’éolien, le biogaz, la géothermie etc.

A noter que chaque commune a également la possibilité de déterminer des zones d’exclusion et ce point est extrêmement important.

Il faut bien comprendre que :

  • Définir des zones témoigne d’une volonté politique d’implanter des énergies renouvelables sur une partie de son territoire plutôt qu’une autre, sans toutefois empêcher des projets de s’implanter en dehors.
  • Définir des zones va flécher d’une certaine manière les actions des promoteurs en énergies renouvelables. Les zones classées favorables laissent présager une bonne acceptabilité locale et vont les attirer. A l’inverse, les zones d’exclusions vont les repousser sans, pour autant, que ce soit, un barrage absolu mais un promoteur qui viserait une zone d’exclusion prendrait tout de même un sacré risque.

En conclusion, il est très important de participer aux consultations qui se déroulent sur votre territoire pour éclairer vos élus sur les différents enjeux. Bien souvent, les communes pensent aux zones favorables mais oublient d’inclure des zones d’exclusion qui peuvent pourtant protéger efficacement une commune.

Le principal danger reste l’éolien. Au sein du Parc Naturel Régional Périgord-Limousin, plusieurs zones sont encore classées comme favorables dans les outils cartographiques de l’état. Pour demander la requalification de ces zones en zone d’exclusion, vous pouvez invoquer les arguments suivants :

  • En milieu forestier, le risque incendie est important. L’éolien et la forêt ne sont pas compatibles car ces installations peuvent être à l’origine d’incendie mais surtout leur présence empêchera toute intervention d’avions bombardiers en cas de problème.
  • L’impact sur la biodiversité est considérable. Les oiseaux et les chiroptères sont nombreux dans ces zones et les risques de collision sont très importants. Le traité EUROBATS qui vise à la préservation des chauves-souris (C’est la référence en la matière) est sans ambiguïté à ce sujet : il proscrit totalement l’installation d’éoliennes dans les milieux forestiers. Il faut également souligner que nous sommes au cœur d’un des plus importants couloirs migratoires en Europe. Enfin, vous pouvez rappeler que la 6ième extinction des espèces est un fait tout autant établi que le réchauffement climatique qui doit nous rappeler que la préservation des milieux naturels est un enjeu majeur.
  • Toutes ces zones sont plus ou moins habitées mais compte tenu de la hauteur des ouvrages envisagés (Au minimum 200m), la distance réglementaire de 500m entre une habitation et une éolienne n’est pas suffisante et une distance de 1000m semble être un minimum sachant que l’idéal est une distance proportionnelle à la hauteur de l’ouvrage du genre 10 fois la hauteur.
  • L’artificialisation des sols est un sujet d’actualité. Les tonnes de béton injectées dans le sol pour installer une usine à éoliennes ne constituent pas une simple artificialisation mais bien une destruction avec toutes les conséquences qu’on ne mesure sans doute pas sur les nappes phréatiques à proximité.

Bien que la loi indique la loi du 10 mars 2023 précise que les zones d’exclusion ne seront validées qu’à condition “qu’une cartographie des zones d’accélération ait bien été définie et que les zones d’accélération identifiées par ladite cartographie sont suffisantes pour l’atteinte des objectifs régionaux…” [sic], il est conseillé d’évoquer le plus tôt possible les zones d’exclusion souhaitées en les identifiant dans la délibérations que va prendre le conseil municipal pour définir ses ZAER.

De notre point de vue, il faut également privilégier les installations photovoltaïques dans des endroits où l’homme a déjà posé son empreinte (Toiture, parking, friches industrielles,…) et éviter les installations au sol nécessitant la dégradation d’espaces naturels.

Bien que l’information sur les consultations en cours soient relativement opaques, si vous pouvez encore y participer dans votre commune, prenez le temps d’y répondre. Donnez votre avis sur les zones favorables proposées mais pensez à réclamer des zones d’exclusions si votre commune est susceptibles d’accueillir des projets toxiques. N’hésitez pas à aller assister aux conseils municipaux au moment des délibérations finales.

Enfin, dernier point, en ce qui concerne les délais, rien n’oblige les mairies à répondre pour le 31 décembre 2023. Certains maires justifient une certaine précipitation avec cet argument mais la ministre de la transition écologique a écrit très précisément dans un courrier adressé aux maires le 29 juin 2023 la chose suivante :

« Vos communes auront jusqu’au 31 décembre 2023 pour réaliser la remontée des zones à l’état. Je tiens toutefois à préciser qu’il ne s’agit pas d’une date butoir et que j’ai bien conscience que certaines communes seront plus en avance que d’autres dans cet exercice. »

Le collectif vent des maires

VIAPL souhaite mettre en avant un collectif de maires qui apporte un soutien très appréciable pour gérer la problématique des usines éoliennes qui cherche à s’implanter sur différents territoires.

Notez bien que ce collectif parle « d’usines éoliennes » et non pas de « fermes éoliennes » qui est le vocabulaire privilégié par les promoteurs de l’éolien pour adoucir l’image de leurs projets. Or, dans nos campagnes, nous savons bien ce qu’est une ferme et il est bien évident que les implantations d’éoliennes n’ont rien à voir avec des fermes mais revêtent évidemment un caractère bien plus industriel qu’agricole.

Ce collectif s’intitule « Vent des maires » et vous pouvez retrouver sa présentation, son actualité et les différentes ressources qu’il met à disposition sur leur site internet consultable à cette adresse :

https://ventdesmaires.fr/

VIAPL a rejoint ce collectif pour bénéficier de son expertise mais il s’adresse en priorité aux communes. Nous ne pouvons que recommander à toutes les communes et en particulier à celles du Parc Naturel Régionnal Périgord-Limousin de rejoindre ce collectif pour mieux comprendre les enjeux des projets éoliens qui cherchent à s’inviter sur notre territoire.

VIAPL